Le cancer colo-rectal est l’un des cancers les plus fréquents, tous sexes confondus. Il représente 37 000 nouveaux cas par an, et est malheureusement la cause de 17 000 décès annuels dans la population française.
Il est aujourd’hui recommandé par la Haute Autorité de Santé
(HAS) de réaliser un dépistage du cancer du colon. Cette recommandation
s’adresse à des sujets sans aucun facteurs de risque, aussi bien qu’à
des sujets à haut risque de cancer colo-rectal.
Vous trouverez ci-dessous les questions qui nous sont le plus
fréquemment posées et les réponses simplifiées que nous pouvons apporter
(cliquez sur la question pour afficher les réponses).
Avertissement :Ces réponses ne sauraient en aucun cas se
substituer ou contredire un diagnostic médical. En cas de doute, il est
indispensable de consulter un spécialiste, seul compétent pour une prise
en charge médicale adaptée.
Le but du dépistage du cancer colo-rectal est la recherche et l’ablation de polypes éventuellement présents dans le colon.
Un polype est une lésion bénigne, qui se développe à partir de la muqueuse du colon.
Elle se présente soit comme une petite lésion arrondie et régulière,
posée sur la muqueuse colique. Elle peut prendre une forme de «
champignon » (avec un pied et une tête arrondie) ou de nappe. Une nappe
est une lésion plane, tapissant une partie de la surface du colon, avec
peu de relief.
Il existe essentiellement deux types de polypes dans le colon:
- les polypes hyperplasiques dont le risque de dégénérescence est quasi-nulle,
- les polypes adénomateux, qui sont des lésions pré-cancéreuses.
S’il découvre un polype lors d’une coloscopie, le gastroentérologue
va le retirer au cours de l’examen puis procéder à son analyse.
Si ce polype est de type adénomateux, une recommandation de surveillance va être proposée au patient.
Ainsi, le risque de voir se développer un cancer du colon chez le patient dans les années à venir est considérablement diminué.
Les sujets sans facteur de risque :
La recommandation pour les sujets sans facteur de risque est un
dépistage par le test Hemoccult, ou par la coloscopie, de l’âge de 50
ans à l’âge de 74 ans.
Les sujets à haut risque de cancer colo-rectal :
Ils doivent être dépistés par la coloscopie, à partir de l’âge de 45
ans, ou 10 ans avant l’âge de survenue d’un cancer colo-rectal chez un
apparenté au premier degré.
Il existe d’autres cas, beaucoup plus rares, où les recommandations
de dépistage sont beaucoup plus précoces. Elles ne sont pas abordées
dans ce texte.
- Les sujets dont un parent du premier degré est atteint d’un cancer colorectal
C’est une situation assez fréquente qui doit conduire à la réalisation
d’une coloscopie dés l’âge de 45 ans, ou 10 ans avant l’âge de survenue
du cancer chez le parent atteint.
- Les sujets ayant des antécédents familiaux d’adénome colorectal
Il s’agit surtout des antécédents familiaux au 1er degré (parents,
fratrie). Ce risque est corrélé à la taille des polypes adénomateux
retirés.
- Les sujets ayant des antécédents personnels de tumeur colorectale
Ils bénéficient toujours d’une surveillance régulière.
- Les sujets atteints d’une maladie inflammatoire du colon
Ceci concerne surtout les patients atteints de rectocolites hémorragique, mais également ceux atteints de maladie de Crohn.
- Les femmes atteintes d’un cancer gynécologique
Les femmes ayant un cancer de l’ovaire ou du corps de l’utérus ont un
risque de cancer colorectal un peu plus élevé que celles de la
population générale. Le risque de cancer colorectal est multiplié par 2
uniquement chez les femmes atteintes d’un cancer du sein lorsque
celui-ci est diagnostiqué avant 45 ans et qu’il a au moins 10 ans
d’évolution.
- Les Sujets à risque très élevé
Il s’agit de situations heureusement beaucoup moins fréquentes, où les
sujets sont porteurs d’une mutation génétique. On définit ainsi 2
entités : le syndrome du cancer colorectal héréditaire sans polypes
(ou syndrome de Lynch) et la polypose adénomateuse familiale. Les
dépistages sont très précoces.
Le dépistage du cancer du colon est réalisé selon deux modalités bien précises :
- La Recherche de sang occulte dans les selles :
Elle s’effectue à l’aide d’un test : le test Hemoccult. Il s’agit
d’un test simple qui permet d’identifier la présence de sang dans les
selles, alors même qu’il n’est pas visible à l’œil nu. Le dépistage est
proposé aux personnes à partir de 50 ans et est renouvelé tous les 2 ans
jusqu’à 74 ans.
Le test consiste à déposer deux petits échantillons de selles (de la
taille d’une lentille) sur les zones prévues à cet effet sur la
plaquette, et cela à 3 reprises.
La positivité d’un test conduit à proposer une coloscopie.
Le test Hemoccult n’est pas un test parfait car il présente un
certain nombre de faux positifs et de faux négatifs. Il s’agit cependant
d’un test valide.
- La Coloscopie :
C’est aujourd’hui l’examen de référence pour le dépistage
du cancer du colon. Il permet de préciser l’existence ou l’absence de
lésions bénignes (polypes), ou plus rarement malignes.
Si la coloscopie met en évidence la présence d’un polype, le
gastroentérologue va le retirer au cours de l’examen, avec des
instruments spécifiquement développés pour cela.
A la suite, le polype retiré va être analysé. En fonction de ses
caractéristiques cellulaires, une surveillance va être proposée au
patient.
S’il s’agit d’un polype glandulaire (adénome), il s’agit d’une lésion qui peut se transformer au cours du temps en cancer.
Dans la grande majorité des cas, une coloscopie est recommandée 3 ans plus tard.
Il existe d’autres cas, où la surveillance est différente.
Une coloscopie normale doit être renouvelée après un délai de 5 ans.
Lorsqu’un polype est retiré au cours de la coloscopie, le délai dépend de son type cellulaire.
- S’il s’agit d’un polype hyperplasique (ne prédisposant pas au cancer du colon), il est recommandé de renouveler la coloscopie après un délai de 5 ans.
- S’il s’agit d’un polype adénomateux en dysplasie sévère, il est recommandé de renouveler la coloscopie après un délai de 1 an.
- S’il s’agit d’un polype adénomateux sans dysplasie sévère, il est recommandé de renouveler la coloscopie après un délai de 3 ans.
Ces recommandations peuvent être modifiées en fonction d’éléments tels que la taille du polype, les facteurs de risque, etc…
La coloscopie virtuelle est une technique d’imagerie développée depuis
une dizaine d’années, qui consiste à faire une reconstruction de l’image
en 3 dimensions du colon après réalisation d’un scanner. Cette
technique, bien que séduisante, n’a jamais atteint le degré de précision
nécessaire au dépistage du cancer colo-rectal. En particulier, elle ne
permet as de détecter de manière fiable, les polypes de petite taille.
De ce fait, la Haute Autorité de Santé considère que
la coloscopie virtuelle ne répond pas aux exigences d’un test de
première ligne de dépistage organisé des patients à risque moyen de
cancer colo-rectal. Le document de l’HAS est consultable en ligne à
l’adresse suivante: Le dépistage du cancer colorectal : Quelle est la place de la coloscopie virtuelle ?
A l’heure actuelle, les travaux de recherche sont orientés sur le
développement d’une vidéo-capsule endoscopique. Cette technologie, déjà
utilisée pour l’exploration de l’intestin grêle, fait face à des
difficultés techniques lors de l’exploration du colon.
Les tests du type Hemoccult sont actuellement en développement, en
particulier, des tests qui rechercheraient à la fois le présence de sang
occulte dans les selles, mais également la présence de marqueurs
protéiques du cancer.